Trenitalia : pourquoi, à partir de 2027, les tarifs pourraient être moins attractifs ?

Ce dimanche 15 juin 2025, Trenitalia a lancé son premier train entre Paris et Marseille.

La compagnie italienne se pose ainsi en concurrente directe de la SNCF sur une ligne très rentable, même si ses dirigeants adoptent un ton mesuré.

"Notre objectif est clair : offrir le meilleur service possible. Notre offre est à la fois alternative et complémentaire à celle de la SNCF.

Nous proposons plus de services, plusieurs niveaux de confort, dont une classe Executive avec sièges haut de gamme et boissons illimitées," nous a expliqué Marco Caposciutti, PDG de Trenitalia France.

En plus de replacer le confort et le service au cœur de son offre, les prix sont particulièrement attractifs.

Selon une étude récente de Kombo, les tarifs du transporteur sont parfois inférieurs à ceux du bus, voire même par rapport à Ouigo.

A lire : Trenitalia : tout savoir sur la nouvelle ligne entre Paris et Marseille !

Le comparateur observe un écart de prix moyen de 33 % entre les billets de la SNCF et ceux de Trenitalia sur l’axe Paris-Marseille. Une stratégie de conquête, certes, mais aussi une question de fiscalité ferroviaire.

Peu le savent, mais pour attirer Trenitalia en France, des tarifs réduits sur les péages ont été négociés.

Le transporteur bénéficie d’une réduction de 37,5 % la première année d’exploitation, puis de 16,5 % la deuxième année.

L’Autorité de régulation des transports a dû se prononcer récemment sur une prolongation de ces conditions tarifaires, applicables du 1er juin 2025 au 31 mai 2028.

Si la différenciation tarifaire est permise par la loi française, elle nécessite un feu vert de l’ART, délivré le 27 mai 2025, et publié officiellement le 13 juin dernier.

"Le dispositif de tarification négociée constitue un levier pour favoriser le développement de la concurrence des services de transport ferroviaire de voyageurs et une utilisation effective et optimale de l’infrastructure.

En l’espèce, l’entrée de Trenitalia France aura permis, toutes choses égales par ailleurs, d’améliorer de respectivement entre 10 et 20, puis entre 20 et 50 millions d’euros pour les horaires de services 2022 et 2023 la marge opérationnelle de SNCF Réseau," a introduit l'autorité dans son avis.

Une façon d'éluder les critiques sur ce rabais, certes, les montants des péages sont moindres, mais les recettes augmentent tout de même.

L’autorité précise cependant qu’elle ne peut se prononcer que sur les tarifs en vigueur jusqu’au 12 décembre 2026, car ils sont les seuls mis en application.

Au-delà de cette date, les parties devront redéposer une demande pour que l’ART se prononce sur la tarification 2027-2029.

Dans le cadre de son analyse détaillée, nous découvrons que la décision est justifiée par la position de Trenitalia.

Contrairement à la SNCF, le transporteur est encore en phase de montée en puissance de son offre commerciale.

Bien que présente sur l'axe Paris-Lyon, il fait face à un "déficit de notoriété vis-à-vis de l’opérateur historique.

A lire sur le sujet : Trenitalia : "le marché des agences est stratégique"

Ce déficit est accentué par le fait que, alors même que 90 % des titres de transport par train apte à la grande vitesse sont distribués par voie numérique, elle ne peut distribuer ses titres de transport via la plateforme de vente de l’opérateur historique qui représente près de 85 % des ventes en ligne." poursuit le document.

De plus, selon l’autorité, l’offre actuelle du transporteur étant limitée, les recettes le sont également.

Dans ce contexte, l’autorité conclut qu’il n’y a pas lieu de s’opposer à la tarification négociée pour l’exploitation de ce nouveau service.

Ainsi, Trenitalia bénéficiera d’une réduction de 37,5 % sur les péages jusqu’au 31 mai 2026, puis de 16,5 % jusqu’au 12 décembre 2026.

Au-delà, rien n’est garanti. Et c’est là que les tarifs pourraient devenir moins compétitifs si l’ART ne renouvelle pas son feu vert.

Les voyageurs et les professionnels du secteur ont donc un an et demi devant eux, pour faire jouer la concurrence avant de savoir si les billets Frecciarossa resteront aussi accessibles.